October 8 2012
Présentation
Ateliers artistiques Paysement/Dépaysement
Béatrice Darmagnac
Lycée agricole Jean Monnet Vic en Bigorre
Première STAV
2012/2013
Contexte de projet :
Après étude du programme pédagogique présenté par Mme Béatrice Fabre, professeur d’ESC au LEGTAF Jean Monnet de Vic en Bigorre, le projet d’ateliers artistiques avec la classe des premières STAV de l’année 2012/2013 est un projet dans lequel je m’implique en mettant à disposition mon projet artistique personnel et mon maillage professionnel.
Riche, correspondant aux questionnements que je développe dans le contexte d’une thèse en Arts Plastiques au sein du laboratoire LL@ de l’école doctorale ALLPh@ régi par l’Université de Toulouse II Le Mirail, il correspond en de nombreux points à mon désir de transmissions des savoirs et des techniques plastiques.
La structure culturelle support de ce projet est l’association Omnibus, en la personne responsable de Nicolas Cochereau, président de l’association et Erika Bretton, responsable programmation artistique, avec qui j’ai effectué de octobre à avril 2012 une résidence artistique laboratoire et de réflexion. La restitution de ce travail doit s’effectuer sur plusieurs sites du département en 2013.
Intentions artistiques et de recherches de Béatrice Darmagnac :
Le point d’encrage de mes projets est l’intérêt particulier que je porte à la notion de paysage et l’expérimentation de son espace.
De cet attachement partent mes réflexions sur l’arpentage, l’errance, la notion d’EXO, et de paysage (territoire) interne imaginal, ouvrant d’autres champs, de nouveaux paysages, une re-définition actualisée, et une réponse plastique contemporaine.
Étant dyslexique, j’ai créé, un jour, par une connexion incongrue, que Freud nomme WITZ, un néologisme qui me séduit, que je décidais de conserver dans mon lexique : arpprentissage.
Régulièrement en lutte contre ce type d’interférences lexicales, il me sembla évident que celle-là faisait sens.
L'arpprentissage est le fait de mesurer le temps et l’espace par l’expérience physique de l’arpentage, par l’apprentissage cognitif, et de constater la transformation qui s’opère dans l’espace intime de la pensée et son interdépendance avec le milieu fréquenté.
Dans le paradigme constructiviste naturaliste, il me faut comprendre des phénomènes que j’expérimentais (auto-etnographie) et les rapprocher de situations phénoménologiques vécues par d’autres, afin d’établir une objectivation construite et complexe ontologique sur le principe d’inséparabilité de phénomènes perceptifs (physique, sensible, cognitif) : phénomène / sujet connaissant ; connaissance produite / sa cognition .
Cette méthode me mena à l’observation de l’érosion dans le milieu naturel, principalement par l’élément eau, et au constat que je changeais moi-même, que je me construisais, que j’étais aussi mon territoire, sculpté par cette eau, de manière métaphorique.
Je ne pouvais que m’identifier, et traiter plastiquement ce lien intime.
Dans un deuxième temps est apparue de façon éclairante la notion de paysement et de dépaysement.
Le paysement est le fait de construire son espace fondateur et de pouvoir faire écho à des raisonnements simples comme « le ciel est bleu, l’herbe est verte, le soleil est présent chaque jour, cette montagne s’appelle comme ceci, ce ruisseau comme cela… ». Ceci est la relation pragmatique et sensible au monde, affinée par des connaissances scientifiques, artistiques, établies par d’autres, confirmant ou infirmant notre réception.
Le dépaysement serait alors le fait de la découverte ultérieure, et de la construction qui par analogie peut se comparer à une modélisation de l’espace intérieur, de la pensée, par une dialectique paysement/découverte.
Je vis alors de nouveaux paysages. Certains étaient conceptualisés éventuellement par le biais d’images scientifiques ou populaires.
Je les expérimente aujourd’hui, qu’est ce que cela crée en moi ? De la cognition ? De la poétisation ? Très certainement.
Des changements ?
De façon évidente.
Dans Une sédimentation de l’esprit : Earth projects, texte rédigé par Robert Smithson in Artforum en septembre 1968, une analogie est instaurée entre l’esprit et le paysage.
« L’esprit humain et la terre sont constamment en voie d’érosion ; des rivières mentales emportent des berges abstraites, les ondes du cerveau ébranlent des falaises de pensée, les idées se délitent en blocs d’ignorance et les cristallisations conceptuelles éclatent en dépôt de raison graveleuse. »
L’idée de géologie abstraite est avancée dans ce texte. Le contexte érosif de l’eau est clair, physique ou métaphorique.
Joseph Beuys dans sa déclaration publiée à l’occasion de son exposition personnelle à la galerie Anthony Offay à Londres en août 1980, nous livre une possibilité de redéfinition de la sculpture qui pourrait être complémentaire de cette piste de recherche : « […] la notion de sculpter peut-être étendue à des matériaux invisibles utilisés par tout le monde : Formes de pensées – Formes de paroles – Sculpture Sociale – Comment nous modelons nos pensées ou comment nous façonnons nos pensées en mots ou comment nous modelons et façonnons le monde dans lequel nous vivons : La sculpture comme processus évolutif […] ».
Il existe bien alors, sous le regard de ces deux considérations, deux orientations qui s’affirment : le façonnage interne et externe pour définir et créer le monde.
Elles peuvent être mises en écho avec le principe d'apprentissage, cognitif et pragmatique, et introduire le questionnement important sur la matière et sa plasticité, sa possible mutation, son altération ou son vitalisme, dans le contexte d’un paysage intérieur en
interaction avec le paysage environnemental. L’artiste est un agent de transformation du paysage qui se nourrit de ce qui l’environne dont il est directement dépendant. Il influe, sculpte, modifie, agit, comprend et poétise. Le paysage est un agent de transformation de l’intime qui se nourrit de ce qui était déjà défini.
Mais, il influe, sculpte, modifie, agit, pousse à comprendre et poétiser.
Situation du projet:
Le projet DRAC/DRAAF va se dérouler sur un territoire particulier : le Pays des Vallées et des Gaves.
Le territoire des Vallées des Gaves se situe sur le versant Nord du Massif des Pyrénées dans la partie sud-ouest de la Région Midi-Pyrénées. Il regroupe six cantons (Argelès-gazost, Aucun, Lourdes Est, Lourdes Ouest, Luz-saint-Sauveur et Saint-Pé-de-Bigorre) et comprend 89 communes dont la plupart sont situées dans la partie aval du territoire. L’intercommunalité est ancienne, sous forme de syndicats ou de communautés de communes, avec 10 Etablissements Publics de Coopération Intercommunale à fiscalité propre regroupant 87 communes.
La qualité de ses paysages, son relief et la présence de Lourdes en font le territoire le plus touristique des Pyrénées françaises. L’activité des Vallées des Gaves repose ainsi principalement sur cette forte fréquentation, bien que les fondations de l’économie locale soient aussi l’agriculture et l’industrie.
Avec près de 40.000 habitants pour 1.312 km², le Pays des Vallées des Gaves est un territoire essentiellement rural. On y retrouve cependant le second pôle urbain des Hautes-Pyrénées : Lourdes (15.000 habitants), ainsi que quelques bourgs attractifs : Argelès-Gazost (3.500 habitants), Saint Pé-de-Bigorre, Cauterets, Luz-Saint-Sauveur…
En décembre 2004, les communautés de communes et communes isolées des Vallées des Gaves se sont constituées en Pays autour d’un projet partagé.
Pour le construire, un diagnostic du territoire est venu alimenter la démarche de concertation avec les acteurs du développement local. Celle-ci a donné naissance à la rédaction d’une charte qui présente les principaux enjeux et objectifs pour le développement des Vallées des Gaves à 10 ans.
C’est cette charte de territoire qui a servi de base à la négociation d’un Contrat de Pays passé avec l’Etat, la Région Midi-Pyrénées et le Conseil Général des Hautes-Pyrénées pour soutenir les projets de développement entre 2005 et 2007. L’a succédé une Convention territoriale signée pour la période 2008-2013.
Projet Pédagogique :
À cette heure peuvent se dessiner les orientations du travail que nous allons développer durant cette année scolaire de collaboration 2012/2013 :
- Les finalités de notre travail s’axent sur mon projet artistique et le programme pédagogique des 1ères STAV, à savoir :
Vivre le dépaysement grâce à la découverte d’un milieu différent de celui de leur origine : secteur étudié le Pays des Vallées et des Gaves.
Faire ressentir et comprendre aux élèves leur appartenance à un paysage fondateur et prendre conscience de leur paysement (comme présenté dans le sujet de thèse de l’artiste intervenant : Béatrice Darmagnac).
Analyser la spécificité culturelle et naturelle de ce territoire et établir une comparaison : l’élément référent de comparaison est l’eau.
Donner des moyens de prendre possession d’un territoire et d’en être acteur.
Inventorier et utiliser les outils de communications contemporains avec leurs protocoles, leurs lexiques, leurs systèmes graphiques et de diffusion dans le cadre de ce même territoire.
Les utiliser dans le champ de l’art contemporain, et sur ces territoires déterminés.
Objectifs opérationnels plastiques :
Paysage, territoire.
Introduction
Qu’est ce que l’esthétique : Rancière
Qu’est ce que l’esthétique du paysage : Raffaele Milani
Qu’est ce que la notion de paysage aujourd’hui ? Approche des notions avancées par Gilles Clément, les nouveaux paysages offerts par les images scientifiques de l’infiniment grand et de l’infiniment petit.
La définition du terme Paysage selon CNRS-UMR
Oekoumène
Qu’est ce que le paysement, et qu’est ce que le dépaysement ? Contempler et comparer.
Comment prendre possession de son territoire ? Par l’arpentage, par l’apprentissage : la promenade et la rencontre.
Repérage de l’élément eau.
Cognition géographique, géographie mentale.
Pays des Vallées et des Gaves
Quels sont les sites exceptionnels de ce Pays ? Les aménagements paysagers, industriels et agricoles : lecture de paysages, visites de sites (centrale hydroélectrique de Pragnères, station de ski de Luz St Sauveur…)
Cerner les champs de la culture et les enjeux sociaux qui leurs sont liés
Repérer les codes, les valeurs, les héritages culturels, les spécificités culturelles (ex : culinaires) et naturelles
Qui sont les acteurs culturels du Pays des Vallées des Gaves ? Travail au sein de la structure référence sur le pays : la Maison du Parc et de la Vallée. Visiter du patrimoine bâti industriel EDF, etc.
Analyser la diffusion de l’information par les médias et ses enjeux
Qu’est ce que le Paysage médiatique ?
L’analyse de ces médias, et du traitement particulier que chacun engage et génère, nous permettra de nous jouer de leurs lois et principes, afin de devenir acteurs de ses formes et de ses contenus, et ainsi les rendre plastiques.
Faire des médias des médiums : utiliser les outils de communications à disposition sur un territoire donné comme matériel de production plastique : radio, presse, internet, réseau sociaux, médias participatifs, panneau de diffusion électronique, panneaux d’affichages, diffusion sonore urbaine, diffusion sonore privé (supermarché).
Ateliers artistiques :
Plusieurs actions sont envisagées :
- Lecture de paysage : photo, vidéos, sons, croquis, collectage, écriture.
- Ateliers d’écritures.
- Ateliers photo, vidéos, collectage, découpage, etc…
- Sculpture érosive avec le système de fonte des glaciers Médiathèque de Lourdes.
- Fabrication d’une sculpture érosive dans le Lycée agricole Jean Monnet. (Vic en Bigorre)
- Diffusion des écritures plastiques dans le contexte de la radio locale Fréquence Luz (Luz St Sauveur).
Le journal du dépaysement BLOG :
Journal de récapitulatif des productions sur le motif, des plasticités générées autour du concept de paysement / dépaysement.
Paysage informatique Anne-Marie Cauquelin
Outils de réflexion utile pour ma recherche, et pour la prise de conscience progressive qu’un territoire est investit de différentes notions, autres que géologique, géographique, hydrologiques.
Restitutions artistiques :
Le journal du dépaysement BLOG :
Relai par la médiathèque de Lourdes, le Syndicat mixte du Haut Lavedan, Béatrice Darmagnac, Omnibus, Conseil général.
Les sculptures érosives :
Fixes : Jean Monnet à Vic en Bigorre
Transportables : Lourdes Château : ateliers artistiques
« Charivari » Toulouse